jeudi 15 août 2013

Avenir de l'argent: l'argent virtuel devient réel



Réseaux peer-to-PEER comme Napster et Skype ont déjà perturbé les industries de la musique et de la téléphonie. Maintenant, un groupe de défenseurs des libertés et des connaisseurs d'Internet sont l'espoir de faire de même pour  l'argent avec une monnaie en ligne appelé Bitcoin.

La monnaie est créé et distribué sur un réseau P2P, et les développeurs espèrent attirer les utilisateurs en exploitant la désaffection de certaines personnes avec les banques centrales contrôlées par le gouvernement et qui contrôlent l'argent conventionnel. Cet argent virtuel est déjà acceptée par certaines entreprises en ligne en échange de biens et services - et certains utilisateurs prétendre vivre de cela.

Le Bitcoin

Objet de spéculation et de cyberattaques, le Bitcoin n’a pas fini de susciter peur et fascination. Malgré les nombreuses questions de sécurité qu’il soulève, il jouit d’un intérêt croissant du grand public. Qu’est-ce que le Bitcoin ? Comment fonctionne-t-il ? Quels sont ses risques ?
Qu’est-ce que le Bitcoin ?

Le Bitcoin est un moyen de paiement. C’est en fait une monnaie électronique, créée en 2009 par le programmeur se faisant appeler Satoshi Nakamoto, et qui s’échange librement sur Internet, de personne à personne ; on parle de système « peer to peer ». Les paiements effectués avec cette monnaie ont la particularité de se faire en dehors des réseaux bancaires. Il est prévu que le stock de Bitcoins soit fini et fixé à 21 millions d’unités, ce qui limite le risque d’ inflation

. Ce stock est progressivement « miné », c’est-à-dire généré par les internautes qui utilisent pour ce faire un logiciel complexe.


Bitcoin en chiffres
Fixé à 21 millions d’unités, le stock de Bitcoins n’a pas encore été intégralement « miné ». À ce jour c’est environ la moitié du stock qui a été mis en circulation. Le rythme de production de la monnaie est toutefois divisé par deux tous les quatre ans. Les 21 millions d’unités devraient donc être produites en 2033. Le cours du Bitcoin est extrêmement volatile, comme en témoigne le graphique ci-dessous :


A quoi sert cette devise ?
Les Bitcoins sont utilisés commemoyen de paiement direct en ligne. On peut toutefois les convertir en dollars ou en euros sur des marchés prévus à cet effet, comme le MtGox. Des pièces physiques ont même été lancées, que l’on peut en acheter en ligne en utilisant soit des Bitcoins virtuels soit des moyens de paiements traditionnels, sur eBay, BitMit, MemoryDealers ou encore HardBTC.

Comment utiliser les Bitcoins ?

Comment obtenir des Bitcoins ?
Pour obtenir des Bitcoins d’une façon à la fois simple et rapide, il faut recourir à des plateformes en ligne comme Mt Gox où on peut les acheter contre des euros ou une autre devise. D’autres sites ont la même fonction, comme Bitcoin-Central en France. Il est aussi possible de se tourner vers l’allemand Bitcoin.de.

Si on prend l’exemple de Bitcoin-Central, l’achat de Bitcoins se fait en trois étapes.

Il convient tout d’abord d’ouvrir un compte sur le site Bitcoin-Central en se créant un identifiant et un mot de passe. Il devient alors possible d’alimenter ce compte en euros, ou une autre devise, par virement bancaire.

L’utilisateur doit ensuite consulter le carnet d’ordres du site. Ce carnet d’ordres recense les prix auxquels les vendeurs de Bitcoins sont prêts à échanger la devise virtuelle contre des euros, ou une autre devise.

Enfin, il faut passer un ordre en proposant un prix limite d’achat, qui est le prix maximum auquel on est prêt à acheter les Bitcoins. L’ordre n’est exécuté qu’à partir du moment où un vendeur de Bitcoins propose un prix inférieur ou égal au prix limite d’achat. Une fois l’ordre exécuté, le compte de l’utilisateur est alimenté en Bitcoins et ses avoirs en euros, ou en autres devises, sont transférés au vendeur de Bitcoins.


Il est aussi possible de vendre ses Bitcoins contre des euros, ou autres devises, en passant un ordre de vente. Les euros se trouvant sur le compte du site Bitcoin-Central peuvent ensuite être transférés, par virement, vers un compte bancaire.

Cela signifie donc qu’un achat de Bitcoins n’est pas irréversible. Il convient toutefois de prendre garde aux variations de cours du Bitcoin, qui peuvent être favorables ou non à l’utilisateur selon les cas.

Comment dépenser ses Bitcoins ?

Pour payer un vendeur de biens ou de services en Bitcoins, il est nécessaire de recevoir de sa part une « adresse ». Une adresse est une succession de lettres et de chiffres, à laquelle l’acheteur envoie le montant de Bitcoins dû.

Pour recevoir ce type d’adresse, il est nécessaire de disposer d’un porte-monnaie logiciel. On peut installer un porte-monnaie logiciel sur un ordinateur (avec le logiciel Bitcoin-QT par exemple) ou un Smartphone (Bitcoin Wallet). Le porte-monnaie logiciel permet non seulement de recevoir ces adresses quand on est acheteur, mais aussi de les générer quand on est vendeur. Ainsi, chaque utilisateur doit disposer de son porte-monnaie logiciel.


Les porte-monnaie pour Smartphones permettent parfois de payer dans des boutiques physiques par un simple scan de code affiché sur un écran.

Il existe aussi des porte-monnaie web : au lieu d’être installés sur un ordinateur spécifique, le porte-monnaie web est disponible en ligne depuis n’importe quel ordinateur, sous réserve de disposer de l’identifiant et du mot de passe.  On peut donc utiliser ce type de porte-monnaie partout à partir d’une simple connexion internet. Ces porte-monnaie sont toutefois nettement moins sécurisés que les porte-monnaie logiciels.  

Les transferts de Bitcoins ont donc lieu par ce jeu d’échange d’adresses : échanger des Bitcoins est comparable à échanger des emails. Mais, plus encore que pour les emails, il est crucial de sécuriser son porte-monnaie de Bitcoins, notamment par des sauvegardes régulières de son porte-monnaie.

Comment les Bitcoins sont-ils créés ?
L’achat sur des plateformes prévues à cet effet n’est pas le seul moyen de se procurer des Bitcoins, bien que cela soit simple et rapide. En effet, les internautes peuvent aussi participer au processus de création des nouveaux Bitcoinset ainsi en obtenir. C’est ce qu’on appelle le« Bitcoins mining ».

Un nouvel utilisateur qui souhaite se contenter d’un achat de Bitcoins via les plateformes prévues n’a pas besoin de savoir comment les Bitcoins sont créés. Toutefois, un utilisateur curieux peut s’intéresser à ce processus.

Pour assurer la crédibilité du système, il est nécessaire que l’authenticité du payeur et la disponibilité des fonds soient vérifiés lors d’un paiement en Bitcoins. C’est pourquoi un processus de surveillance est mis en place : concrètement, des internautes membres du réseau – les « Bitcoins miners » -  investissent dans du matériel informatique qu’ils mettent à disposition du système pour son bon fonctionnement et sa sécurité. Les ordinateurs de ces internautes sont alors mis en concurrence pour développer des fonctions mathématiques complexes qui permettent de vérifier la validité de la transaction. Celui qui remporte la validation est récompensé en recevant des Bitcoins nouvellement créés.


Le Bitcoin présente-t-il des risques particuliers ?
Outre le fait qu’elle est, à l’origine, purement électronique, cette monnaie a la particularité de n’être liée à aucune banque centrale, d’échapper au contrôle des États et des banques, et de n’avoir ni attache ni référence ni valeur fondamentale. Cela en fait un outil idéal pour les spéculateurs, et bien qu’elle ait été perçue comme une valeur refuge par rapport à l’euro lors de la crise de Chypre, la monnaie virtuelle est sujette à une grande volatilité. À titre d’exemple, en 2011, le cours du Bitcoin s’était écroulé de 33 dollars à 2,5 dollars alors qu’il avait auparavant connu une hausse soutenue.

Des experts critiquent aussi l’opacité du fonctionnement de cet outil : sans banque, sans autorité monétaire, le Bitcoin pourrait porter atteinte à la stabilité de tout le système économique. À fortiori, cette monnaie ne laisse aucune trace et serait donc susceptible d’être utilisée à des fins de blanchiment d’argent. Le Bitcoin, grâce à l’anonymat qu’il confère, est d’ailleurs déjà utilisé sur des sites commerciaux comme Silkroad qui proposent parfois d’acheter des biens illicites ; certains utilisateurs avouent eux-mêmes qu’ils utilisent la devise dans cette optique.

Silkroad
Silkroad est un site de commerce en ligne qui a pour particularité d’assurer l’anonymat des acheteurs et des vendeurs. En principe, ce site Internet est fait pour le commerce de n’importe quelle marchandise mais l’anonymat le rend propice au commerce de biens illicites comme des stupéfiants ou des armes. Les administrateurs du site disposent d’un droit de censure des objets vendus et donc les armes ont été bannies, mais les stupéfiants demeurent.

Ce site a aussi la particularité d’utiliser de façon presque systématique le système Bitcoins. La monnaie électronique permet un anonymat renforcé car sa possession n’est pas nominative et elle est indépendante de tout système bancaire. D’où les suspicions qui pèsent sur cette devise.


Par ailleurs plusieurs portefeuilles virtuels ont été piratés à ce jour. En septembre dernier, un hacker est parvenu à dérober l’équivalent de 250 000 dollars sur le marché BitFloor. Malgré l’intervention du FBI, les clients ont peu d’espoir de récupérer leurs mises. Les investissements en Bitcoins ne présentent donc pas encore une grande sécurité.

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La 1ère carte de paiement Bitcoin arrive : quand le virtuel devient réel…

Le sujet nous intéresse forcément car il traite de systèmes de paiement alternatifs qui échappent au système bancaire.

Comme nous avons eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises, même s’il s’agit à l’origine d’une bonne initiative (les monnaies virtuelles sont libres, ne sont régulées ni par les états, ni par les banques et offrent une forme d’anonymat), les monnaies virtuelles ne restent pas sans défaut :

Elles sont en fait, au même titre que toute monnaie papier, soumises à la spéculation, elles posent de sérieuses questions en termes de sécurité (piratage), et on est en droit de s’interroger sur la stabilité et pérennité de tels moyens de paiement…

Bref, toujours est-il qu’on aime tout de même suivre l’actualité des monnaies virtuelles. Et cette semaine on a été un peu surpris d’apprendre que d’ici deux mois devrait voir le jour une carte de paiement pour Bitcoins, la plus connue des monnaie dématérialisée. La chose sera proposée par la société BitInstant (un service qui permet le transfert de fonds entre monnaies virtuelles et étatiques).

Le loup bientôt dans la bergerie de Bitcoin ?

L’annonce est surprenante car le lancement de cette carte de crédit et débit de Bitcoins se ferait en partenariat avec « une grande banque internationale » (dont on ignore encore l’identité…).

Avec le lancement d’une telle carte de paiement, qui ferait le lien entre virtuel et réel, Bitcoin serait finalement rattaché au système bancaire. Un virage en tête d’épingle pour la monnaie virtuelle ?

Ce partenariat est un non-sens d’un côté comme de l’autre : Bitcoin semble se tirer une balle dans le pied et perdre en crédibilité auprès de ses utilisateurs en s’adossant à une banque internationale, et on peut également s’interroger sur les motivations de la banque en question : les banques ont jusque là été très hostiles à l’égard de bitcoin et ses transactions anonymes, quasi intraçables…

Finalement, le grand gagnant dans cette histoire (si tenté que l’offre fonctionne auprès des utilisateurs) serait bien BitInstant, le fournisseur de la carte : la carte de paiement couterait 10 dollars et les commissions à la transaction s’élèveraient à 1 % !

Cette annonce n’a fait que renforcer notre scepticisme envers les monnaies virtuelles, Bitcoin semble avoir perdu ici le seul intérêt (paiement alternatif qui échappe aux banques) qu’on pouvait bien lui prêter…

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