Au Brésil, la population se bat au quotidien avec les moustiques qui transmettent le virus de la dengue, une maladie tropicale potentiellement mortelle. Pour éradiquer l’épidémie qui sévit dans le pays, l’État répand dans la nature des moustiques OGM.
«Les moustiques OGM fonctionnent comme des insecticides, pour qu’ils soient efficaces il faut inonder les zones à traiter en permanence et donc produire sans arrêt des milliards de moustiques transgéniques.»
Les moustiques génétiquement modifiés (GM) – femelles - sont censés réduire la population sauvage en s’accouplant naturellement avec les mâles sauvages et en produisant des descendants stériles. Cette stratégie a été envisagée pour lutter contre plusieurs maladies tropicales, comme la malaria et la dengue, qui se transmettent par les piqûres de moustiques.
Mais selon un document confidentiel [1], rendu public par l’ONG anglaise GeneWatch – qu’elle a pu obtenir grâce aux lois britanniques sur la liberté d’information - les moustiques génétiquement modifiés de l’entreprise britannique Oxitec ne sont pas aussi stériles que prévu... En effet, en présence d’un antibiotique très répandu, la tétracycline, leurs progénitures ont un taux de survie de 15% environ et leur descendance sont capables d’atteindre l’âge adulte.
La tétracycline est très largement utilisée et présente dans les eaux usées et dans la viande issue d’élevage industriel. Or, les moustiques qui transmettent la dengue se reproduisent dans des environnements largement pollués par les eaux usées... Toutes les conditions sont donc réunies pour qu’une partie de la descendance de ce moustique GM soit fertile.
Mais, l’étude citée par GeneWatch mentionne aussi que les moustiques GM peuvent survivre, même sans la présence de tétracycline, à hauteur de 3%, ce qui engendrerait une impossibilité totale de contrôle de ces lâchers de plusieurs milliers de moustiques GM.
Helen Wallace, directrice de GeneWatch, a précisé dans un communiqué de presse : « Il est impossible d’évaluer les risques sanitaires ou environnementaux si des informations importantes sont cachées au public. Ce document confidentiel révèle un défaut fondamental de la technologie d’Oxitec qui devrait donc arrêter ses expériences ».
Oxitec a déjà expérimenté ces lâchers massifs de moustiques GM en pleine nature, dans les îles Caïmans, en Malaisie et au Brésil (dans le Nordeste, une des régions les plus pauvres) et de nouveaux essais sont prévus, notamment en Floride (mais l’autorisation a été reportée). Oxitec avait aussi proposé d’organiser des lâchers de moustiques GM au Panama, en Inde, à Singapour, en Thaïlande, au Viêt Nam, aux Philippines, au Costa Rica, et à Trinidad & Tobago.
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