dimanche 7 juillet 2013

Un filtre qui pourrait révolutionner l’accès à l’eau potable pour l’Humanité




Un purificateur d’eau constitué de nanoparticules d’argent pourraient révolutionner l’accès à l’eau potable pour des millions de personnes dans le monde.

Transformer de l’eau impropre à la consommation en eau parfaitement potable, en quantité suffisante pour subvenir aux besoins annuels d’une famille de cinq personnes, et ce grâce à un simple filtre purificateur, fonctionnant sans électricité, et coûtant à peine 2 euros ? La chose sera peut-être bientôt possible, grâce aux travaux menés par le chimiste indien Thalappil Pradeep, de l’Institut de Technologie Indien de Madras (Chennai, Inde).


En effet, Thalappil Pradeep et son équipe ont réussi à mettre au point un prototype de filtre purificateur d’eau, doté d’un matériau composite à base d’aluminium couplé à des nanoparticules d’argent, dont les performances se sont révélées particulièrement intéressantes. Et pour cause, puisque ce filtre purificateur a permis de filtrer efficacement 1500 litres d’une eau initialement impropre à la consommation, en produisant au final une eau parfaitement potable. Tout cela d’une seule traite, sans que ce filtre soit réactivé ou nettoyé au cours de la phase de filtration.

Cerise sur le gâteau, le dispositif inventé par Thalappil Pradeep ne nécessite pas la moindre alimentation électrique : un atout de poids, puisque un grand nombre des 900 millions de personnes dans le monde qui n’ont pas d’accès à l’eau potable… n’ont également pas accès à l’électricité.

Le filtre purificateur d’eau conçu par le chimiste indien permet de tuer les virus et les bactéries contenus dans l’eau, tout en neutralisant des composés chimiques toxiques tels que l’arsenic ou le plomb.

Comment fonctionne ce purificateur d’un point de vue chimique ? En fait, son efficacité réside dans le recours aux nanoparticules d’argent. En effet, pendant que l’eau coule à travers le filtre purificateur, les nanoparticules d’argent sont oxydées, et relâchent alors des ions, ce qui a pour effet d’annihiler virus et bactéries, et de neutraliser certaines substances toxiques comme le plomb et l’arsenic.

Il est à noter que le prototype de filtre purificateur d’eau fabriqué par Thalappil Pradeep est un petit dispositif, qui pèse 50 grammes. Thalappil Pradeep estime que pour proposer un dispositif véritablement opérationnel, il faudrait construire un filtre à eau un peu plus gros, pesant autour de 120 g. Un dispositif qui, selon ses calculs, ne coûterait que deux euros et permettrait en contrepartie de procurer de l’eau potable à une famille de cinq personnes durant une année.

Cette invention a été publiée le 6 mai 2013 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), dans un article intitulé "Biopolymer-reinforced synthetic granular nanocomposites for affordable point-of-use water purification".

Si les travaux du chimiste indien Thalappil Pradeep sont à l’évidence extrêmement prometteurs, il faut toutefois rappeler que le recours aux nanoparticules pour le traitement de l’eau n’est pas récent. Ainsi, en 2006, des chercheurs de l’université Rice (États-Unis) avaient déjà mis au point un dispositif recourant à des nanoparticules de rouille, qui permettait d’éliminer l’arsenic contenu dans l’eau (lire « Nanorust et Arsenic » publié par la Rice University suite à cette découverte).

Plus généralement, le recours aux nanotechnologies pour le traitement de l’eau est un champ de recherche qui se développe beaucoup depuis quelques années. Plusieurs applications innovantes ont ainsi vu le jour, comme par exemple le recours aux nanoparticules d’oxyde de titane pour dissoudre les polluants. Pour des informations plus complètes à ce sujet, on se reportera à cet article du Réseau Sciences et Développement« Les nanotechnologies d’épuration de l’eau : Faits et chiffres », qui détaille les différentes applications des nanotechnologies en matière de traitement de l’eau.

Signalons toutefois l’existence d’une inconnue de taille : les possibles effets sur l’organisme humain des nanoparticules susceptibles de se retrouver dans l’eau issue de ce type de procédé. Un point important, sur lequel les scientifiques qui travaillent dans le domaine des nanotechnologies appliquées au traitement de l’eau réfléchissent depuis plusieurs années déjà (lire cet autre article de SciDev « Le traitement de l’eau à l’aide de la nanotechnologie nécessite la mise en place d’une technologie innovante »).

Concernant plus précisément le filtre purificateur d’eau inventé par Thalappil Pradeep, si les auteurs de cette invention confirment que des nanoparticules d’argent sont bel et bien présentes dans l’eau obtenue au final, ils estiment toutefois que cette présence ne représente pas un danger pour la santé. Un point que des investigations complémentaires devront toutefois venir confirmer, avant d’espérer une mise sur le marché de cette technologie.



Sources : Journal de la Science 

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